Évangile de Jésus Christ selon saint
Matthieu 5, 13-16
Comme les disciples s'étaient rassemblés autour de Jésus,
sur la montagne, il leur disait : « Vous êtes le sel de la terre. Si le sel se
dénature, comment redeviendra-t-il du sel ? Il n'est plus bon à rien : on le
jette dehors et les gens le piétinent. Vous êtes la lumière du monde. Une ville
située sur une montagne ne peut être cachée. Et l'on n'allume pas une lampe
pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille
pour tous ceux qui sont dans la maison. De même, que votre lumière brille
devant les hommes : alors en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront
gloire à votre Père qui est aux cieux ».
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Jésus s’adresse aux disciples sur la
montagne. Il ne s’adresse pas à l’individu, car il aurait dit : Tu
es le sel de la terre, mais il a dit vous, il s’adressait à la
collectivité.
La collectivité des disciples,
aujourd’hui, ce sont toutes les personnes baptisées en Christ Jésus. Donc,
Jésus dit à son Église, et aussi, à nous tous : Vous êtes le sel
de la terre, vous êtes la lumière du monde.
Jésus utilise une expression un peu
particulière. Le sel vient habituellement de la mer et les mers desséchées
forment des carrières de sel. Pourquoi dire le sel de la terre ? Eh bien ! à
l’époque de Jésus, les agriculteurs incorporaient du sel dans le sol. Cette
méthode devait fournir au sol un élément nutritif qui assurerait une meilleure
croissance. Jésus prend une image connue de l’agriculteur pour la transposer
sur le plan spirituel.
L’Église, comme collectivité, est
insérée dans le monde comme le sel l'est à la terre. Si le sel perd ses
propriétés, il ne sert plus à rien, il ne peut être incorporé au sol et aider à
la croissance. Si notre Église perd son implication dans le monde actuel, elle
s’affadit et ne rend plus service. Elle perd une de ses raisons d’être qui est
d’annoncer le Christ mort et ressuscité et son message des béatitudes.
L’Église a une mission catholique
(1) et elle ne
peut pas se confiner en elle-même. Elle s’adresse à tous les peuples de la
terre et doit, particulièrement aujourd’hui, prendre position.
Elle redit le message de paix et
d’amour du Christ Jésus par les discours et les actions des catholiques de
toute la planète avec les Évêques et le Pape.
Elle ne le fait pas pour elle-même ou
pour sa propre gloire, comme le dit l’apôtre Paul, mais bien sous la mouvance
de l’Esprit afin que notre foi ne repose pas sur la sagesse des hommes, mais
sur la puissance de Dieu (2).
L’Église doit être la lumière
sur la terre comme lorsqu’on voit une ville illuminée qui dégage dans le ciel
une aura lumineuse. Elle dit aujourd’hui : la violence ne règle rien, la
famine de certains pays est source de tension internationale et les disparités
entre les pays pauvres et riches vont nous conduire à un désastre.
La liturgie s’adresse à nous dans ce
contexte et elle reprend les paroles du prophète Isaïe qui disait : Partage
ton pain avec celui qui a faim, recueille chez toi le malheureux sans-abri,
couvre celui que tu verras sans vêtement, ne te dérobe pas à ton semblable (3).
Et le psalmiste ajoute : L’homme
de bien a pitié, il partage… À pleine main, il donne au pauvre (4).
Les principes que nous affirmons sur
le plan individuel, nous devons les proclamer sur le plan collectif. L’Évangile
nous invite à être sel de la terre sur le plan universel. C’est une
invitation à une action collective.
Regardons la consommation dans les
pays riches : il faut avoir les plus hauts édifices du monde, les plus
gros bateaux de la terre, les plus gros 4x4 pour aller au bureau et à
l’épicerie, les téléviseurs de 64 pouces, les récipients à café de 24 onces et
les assiettes de 12 pouces.
Si nous étions un pauvre de la
planète, nous deviendrions envieux.
En Amérique du Nord, les gens prennent
en moyenne deux douches par jour et en même temps sur la même planète, il y a
des millions de personnes qui marchent un mille et plus pour avoir de l’eau.
Si nous marchions pour avoir de l’eau
et que nous savions qu’on la gaspille ailleurs, nous deviendrions irascibles.
En Amérique du Nord, on dépense 13
milliards de dollars pour nourrir et faire l’entretien des animaux domestiques.
En Europe, on dépense, en moyenne, 800 euros par année, pour entretenir un
animal.
Si nous avions faim et que nous
cherchions de la nourriture dans les vidanges de notre ville ou si nous étions
obligés de nous prostituer pour manger et que nous savions que les chiens et
les chats en Amérique et en Europe sont mieux nourris que nous, nous
deviendrions révolutionnaires et membres d’un groupe ou d’une religion qui nous
propose la libération.
Où est le sel de la terre ?
Où sommes-nous chrétiens de cette
terre ?
Où sommes-nous les peuples dits
chrétiens qui ont la responsabilité d’être des artisans de paix, des faiseurs
de justice, des bâtisseurs de la maison du pauvre et des constructeurs de la
planète de l’amour ?
L’Église reprend les paroles du Christ
et redit à toutes les nations, donc à nous tous : vous êtes le sel de
la terre.
Nous
avons des exemples individuels : l’abbé Pierre, Mère Teresa, Lucille Teasdale,
Martin Luther King, Gandhi, Mgr. Romero. Nous avons aussi tous les autres dont
l’histoire n’a pas retenu le nom et qui ont donné leur vie pour leurs sœurs et
frères, les êtres humains. Les premiers et les seconds sont pour nous autant
d’invitations à découvrir des chemins nouveaux.
Nous
avons besoin de pays qui adoptent la pensée et le style des Teresa, Teasdale,
King et Romero, qui s’ouvrent à une dimension planétaire, qui acceptent d’avoir
une vision du monde en fonction des autres et qui sont prêts à entendre cette
parole du Christ : vous êtes le sel de la terre.
Notre
Pape François nous dit à vous et à moi : Dieu est en train de tout faire
nouveau, l’Esprit Saint nous transforme vraiment et veut transformer, à travers
nous aussi, le monde dans lequel nous vivons. Ouvrons la porte à l’Esprit,
laissons-nous guider par lui, laissons l’action continue de Dieu faire de nous
des hommes et des femmes nouveaux, animés par l’amour de Dieu, que l’Esprit
Saint nous donne ! Comme ce serait beau si chacun de vous, le soir, pouvait
dire : aujourd’hui à l’école, à la maison, au travail, guidé par Dieu, j’ai
accompli un geste d’amour envers mon camarade, mes parents, une personne âgée !
Que c’est inspirant !
Vous
et moi, prions pour nous-mêmes et les nations afin d’être sel de la
terre. Ainsi, en voyant ce que vous faites de bien, vos actions
personnelles et vos actions collectives seront comme la lumière qui jaillit
dans l’aurore.
Dieu
entend notre prière. Amen.
Bon
dimanche et bonne semaine
André
Sansfaçon, prêtre
homelie.qc.ca
Commentaire
Cette homélie m’interpelle : est-ce que je donne du goût
aux choses ?
Quand ma présence apporte-t-elle un appui, du réconfort
?
N’ai-je pas au cœur les mots de Dieu à transmettre, mots
d’amour qui redonnent confiance, et le goût de vivre…
Notes
:
1. Le mot catholique vient du grec Katholicos qui veut dire
universel.
2. Paul aux Corinthiens 2,1 -5 - 2e lecture.
3. Isaïe 58,7 – 1re lecture.
4. Psaume 111 de la messe.